Depuis toujours, les soignants sont confrontés à la déchéance physique, psychique et sociale, à la douleur et à la mort. Dans ces conditions, être en relation avec autrui nécessite de faire un travail constant sur soi pour percevoir et réguler la multitude d’affects ressentis face à la souffrance.
Ajouté à cela, le besoin d’efficience et de rentabilité inhérent à la nécessité de limiter les dépenses de santé tout cela en assurant une qualité des soins optimale peut générer de la frustration et un sentiment d’impuissance chez les soignants. Le psychiatre Christophe Dejours parle d’un « tournant gestionnaire » et d’une « souffrance éthique » des soignants en lien avec un décalage entre leurs valeurs et les possibilités réelles d’actions offertes par l’organisation, entre la profession rêvée, idéalisée et la réalité. Pour ce métier, la balance utilité sociale, responsabilité et reconnaissance du travail effectué n’est pas toujours à l’équilibre. Quant au sentiment d’autonomie, il semble diminuer dans un contexte où les responsabilités et la traçabilité sont grandissantes.
Avec la crise sanitaire actuelle, le besoin préexistant d’accompagnement des soignants s’est renforcé. Les soignants ne sont pas des « héros » au sens littéral du terme, ils ont, comme chacun d’entre-nous, des émotions et des limites.
En effet, ils sont désormais soumis à des contraintes supplémentaires : manque d’effectifs, réorganisation permanente, port systématique d’équipements de protection, nouvelle gestion des décès, fermeture de service, mobilisation dans un nouveau service selon les besoins. De plus, l’arrivée d’un virus méconnu suscite, même chez les soignants, la peur d’être contaminé, de contaminer un proche ou un patient. Aussi, il existe de nombreuses incertitudes et une usure physique et psychique liée à une crise qui perdure et aux efforts fournis par chacun pour s’adapter. Ce climat de travail peut s’avérer délétère concernant la motivation et les relations interpersonnelles au sein des équipes.
Les apports du coaching d’équipe à l’hôpital
Rachel Djie Bi Irie intervient en tant que coach diplômée aussi bien dans l’accompagnement en coaching d’équipe qu’en coaching individuel.
En tant que cadre de santé et coach professionnelle, j’ai développé une expertise en accompagnement d’équipe soignante. Grâce aux outils du coaching, j’aide les équipes à prendre conscience du chemin parcouru mais du point de vue des changements positifs opérés durant cette crise sanitaire.
L’analyse de l’année écoulée mettra en exergue les nouveaux comportements ayant permis de préserver la raison d’être de notre métier de soignant : prendre soin des patients.
Aussi, c’est en allant chercher les valeurs et les aspirations communes de l’équipe que le coaching parvient à nourrir certains éléments constitutifs du sentiment d’identité professionnelle propre à chaque soignant : sentiment de congruence entre ses valeurs personnelles et celles de l’institution, sentiment de reconnaissance pour le travail effectué, sentiment d’appartenance à un groupe professionnel, sentiment d’efficacité personnelle et d’autonomie. Rappelons ici qu’il a été établi que c’est notamment grâce à la cohérence de leur sentiment d’identité professionnelle que de nombreux soignants parviennent à faire face à des situations de stress sans être en épuisement professionnel (HAS, 2017). C’est la raison pour laquelle le coaching d’équipe vise à valoriser les compétences et les ressources de chacun pour redonner du sens au travail en mobilisant l’énergie créative et l’intelligence collective.
De plus, ce moment de partage d’expériences et de mise en commun renforce la cohésion d’équipe. Pour cela, j’utilise à la fois des exercices de « Brise-glace », de « Team Building », et des moments de réflexion, d’élaboration. Il faut savoir que sur le terrain, les soignants ont peu de temps dédiés pour penser leurs pratiques, prendre soin du collectif et être entendus face à leurs craintes et leurs difficultés quotidiennes. Les temps d’échanges mélangeant cadre de santé, infirmières, aides-soignantes, agents de service hospitalier sont souvent limités et orientés sur la résolution d’évènements indésirables.
À l’issue des ateliers de coaching, l’équipe sera en mesure de se projeter dans le futur en élaborant un ou plusieurs objectifs communs, réalisables et en déclinant un plan d’actions pour y parvenir. Le fait d’avoir une perspective ouvre le champ des possibles, redynamise l’équipe autour d’un projet commun et réduit de façon conséquente le sentiment d’incertitude.
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